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Diversité à la TV

30 mars 2007

Pourquoi ils s'attaquent à la TV

1. Comment est né Teum Teum ?

A l’époque nous réalisions un documentaire pour comprendre la « cité » à travers ses artistes. Nous avons rencontré tellement de talents et d’énergies que le constat fut simple : un mouvement culturel, plébiscité par toute un pan de la jeunesse, qui existe depuis plus de 20 ans et génère un véritable engouement populaire, n’a aucune représentativité télévisuelle. Ce foisonnement d’artistes draine pourtant un public large, s’exprime dans de nombreuses disciplines et a étendu son influence sur plusieurs générations. Il nous est donc apparu comme indispensable  de développer un concept de magazine original, mêlant informations et  divertissements, qui poursuive un double objectif : faire découvrir les richesses de cette culture au grand public et répondre au besoin de diversité et d’innovation dans le paysage audiovisuel français.  C’est un premier contact avec France 5, sensible au phénomène des cultures urbaines,  qui nous décide de mobiliser une équipe de professionnels pour produire, grâce à l’aimable participation de Jean Pierre Bacri (Big Up), un pilote de « Teum-teum » 

2. Vous avez rencontré toutes les personnalités influentes dans le milieu du

PAF, et pourtant, rien ?

Après avoir prouvé nos compétences de producteurs, nous présentons quelques semaines plus tard notre émission au responsable magazine de France 5 qui nous averti du démarrage de « CULT » et précise qu’ils ne lanceront pas deux émissions dans la même thématique. Nous voulions alors confronter notre pilote à un maximum d’interlocuteurs pour relever toutes les critiques constructives nous permettant de perfectionner notre concept.

Nous en profitons d’ailleurs pour remercier toutes celles et ceux qui nous ont apporté leurs conseils, leurs soutiens et alimentent notre persévérance. Des boites de production comme 

La Petite Reine

, Act4, 17 juin, éléphant et Cie ainsi que des personnalités comme Ardisson ont crédibilisé notre projet et décèle dans notre magazine un fort potentiel de développement.
 Même lorsqu’on fait le bilan de nos entretiens auprès des chaînes on enregistre de nombreux avis favorable, la présidence de France Télévision par exemple a définit notre projet comme frais, innovant et en totale adéquation avec leur ligne éditoriale. Les contraintes émises par certains responsables sont instructives sur les réticences à programmer une telle émission : 1) Vous n’êtes personne ! 2) Cette culture est violente !3) trop risquée car s’adresse à une minorité !

Malgré cela, lorsqu’on démontre l’importance de cette culture et l’impact que pourrait générer un tel programme on nous objecte alors le fameux pas de case, pas de budget ! 

3. Quel est votre constat (une certaine discrimination ?)

Nous ne sommes pas partisans de la victimisation, le vrai défi était de produire un pilote de qualité en réunissant des personnes expérimentées avec peu de moyens. Notre intention était de répondre à un réel besoin de représentativité et d’authenticité. Convaincus du nécessaire virage éditorial que doit s’imposer le service public, nous remarquons que les volontés affichées ne sont pas suivies d’actes forts. Pour être innovante, une chaîne se doit de prendre des risques et par conséquent de donner sa chance à de jeunes producteurs. 

 En présentant un projet innovant, à fort potentiel, épaulé par de grosses structures et qui s’inscrit naturellement dans la diversité, nous trouvons des portes closes sans qu’aucunes explications constructives ne soient accordées. Un autre directeur de programmes, pourtant issu de la culture rock, nous a fait comprendre que le Hip Hop, pour lui, n’est pas une culture à part entière et que cela ne méritait pas d’y consacré un magazine hebdomadaire ! Contrairement aux pays anglo-saxon, ce n’est pas dans la mentalité de nos décideurs de miser sur ce genre de concept novateur et lorsqu’ils manquent d’audace c’est la créativité audiovisuelle qui est menacé. 

4. Que pensez-vous de la diversité à la télé ?

Devenu un  concept politique, la diversité est avant tout une richesse pour notre pays. La télévision est encore trop pâle et ne correspond dans la réalité aucunement à l’image de la société. Il ne suffit pas de mettre une ou deux têtes « bronzées » devant la caméra pour se donner bonne conscience et palier à une carence de plusieurs décennies. Les actions sont en tous cas invisible, cite moi un présentateur, un producteur, un journaliste, une émission à qui on n’a donné sa chance ? Nagui ? Kavannagh ? Pulvar ? Ils sont là depuis bien longtemps alors lorsqu’on rencontre le monsieur diversité de France TV on lui fait part notre stupéfaction quant à l’immobilisme du service public. Avec des moyens d’actions limités, il avoue ne rien pouvoir faire et que notre projet, dont l’enjeu est justement de palier à ce manque de représentativité, est trop précoce, en gros la télévision n’est pas encore prête à assumer la diversité. Récemment sur le plateau d’une émission de France 3, la responsable de magazine, qui avait eu connaissance du projet depuis plus d’un an et qui n’a jamais daigné un retour constructif, nous a dit cyniquement qu’elle ne voulait pas nous considérer et que cette culture n’aurait jamais sa place à la télévision !

5. Pas découragé, vous continuez à produire, à montrer votre pilote ?

Toujours motivé. Nous sommes persuadés que la télévision devra irrémédiablement tirer de son bilan les conclusions nécessaires afin qu’on parvienne à ne plus se poser de questions sur la diversité. Nous avons développé plusieurs autres concept : un road-movie décalé qui fait découvrir les pays membres de l’UE à travers sa population ; un dessin animé, sorte de conte de fées urbain ; une fiction sur l’univers de la voyoucratie et deux autres projets de magazines culturels et de sociétés. 

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30 mars 2007

La télé couleure c'est pas pour demain

En France, la télé couleur, ce n’est pas pour demain. Julien Chémouny, Lamine Chérifi et Medhi Boulenouar, sont formels : « Les discours sur la diversité à la télé, c’est du vent. C’est pas tout d’avoir des Roselmack et des Pulvar à l’écran, la diversité, c’est à tous les niveaux que ça se joue : la production, la technique aussi… ».  Depuis près de deux ans, ces trois potes de fac formés en journalisme, en production et en économie démarchent les chaînes pour défendre un concept sur les cultures urbaines. En 52 minutes, Teum-Teum (de Teumen-appart en verlan) s’attache à créer des passerelles entre les générations pour faire connaître la richesse de la culture hip-hop, « qui ne se résume pas au rap », souligne Julien. Mais même après les émeutes de 2005, et la volonté affichée des politiques de donner une voix aux habitants des quartiers, les roitelets du PAF rechignent à passer à l’acte.

Septembre 2004. Encouragés par la responsable des magazines de France 5, les trois larrons constituent une équipe de pros de la lucarne et de journalistes de presse écrite spécialistes des cultures urbaines, pour tourner le  pilote de Teum Teum. Jean Pierre Bacri et Disiz

la Peste

jouent les invités principaux. « On était réunis autour d’une passion commune » explique Lamine. L’émission, assez aboutie, attire les sponsors. Et non des moindre. FNAC, Puma, Coca ou Ikéa répondent présents. « Après le montage on croyait avoir fait le plus gros du boulot » sourit Julien. Erreur. C’est là que l’épopée TV commence.

A Canal Plus, on aime le « ton décalé» de l’émission. A France Télévisions, le délégué « intégration et diversité » est emballé. Trois jeunes d’origine maghrébine, un juif et deux musulmans, qui se battent pour parler de la banlieue  autrement : du pain béni pour des diffuseurs en mal de diversité. Mais de là à concrétiser les beaux discours... Sans se démonter, les trois battants tentent aussi TF1, les chaînes de

la TNT

, sont reçus par le CSA, le Centre National de

la Cinématographie

, et diverses boîtes de production. Ils bataillent, s’incrustent dans des bureaux. Répètent à l’envi leur laïus sur la nécessité d’une action citoyenne.

Malgré la qualité de leur produit audiovisuel et la cohérence de leur discours, rien ne bouge. « On nous a dit que c’était trop ciblé, qu’aucune chaîne généraliste ne prendrait un programme sur une culture minoritaire ». Certains responsables s’offusquent même que l’émission ne corresponde pas à l’image stéréotypée qu’ils ont des quartiers populaires. « On nous a reproché que l’appart avait l’air trop propre ou qu’on avait trop l’air de bonne famille» ironise Lamine.  Comme si, à la cité, quand rien ne brûle, il n’y avait rien à montrer.

Au-delà de quelques critiques constructives et du soutien de personnalités comme Thierry Ardisson, Abd Al Malik ou Jean-Pierre Bacri, « Teum-Teum » n’a suscité que des promesses. Pas de quoi lâcher pour autant. Cool up’s, la boîte de prod du trio, reviendra à la charge des cerbères du PAF avec un dessin animé, une série télé et une émission sur la découverte des pays européens, dont le pilote est déjà en boîte. En attendant, les « Cool up’s » vivent de petits boulots. L’un dans un restaurant parisien, l’autre dans l’audiovisuel et le troisième dans la vente par téléphone. Et pour vendre plus de voyages pas chers au Français moyen, Lamine se fait appeler Benoît. Sur les conseils de sa direction. 

Pour plus d’infos : coolupss@hotmail.com

LA/Agence Page 30

30 mars 2007

A l'attention de Mr DE CAROLIS

A l’heure où les discours officiels s’expriment en faveur d’une meilleure représentativité audiovisuelle de la diversité culturelle française, nous constatons que ces volontés affichées par le service public ne sont pas suivies d’actes forts !

Producteurs indépendants, nous avons présenté aux différents services de France Télévision un projet d’émissions axé autour des cultures urbaines. Un avis favorable ressort majoritairement de nos entretiens, définissant notre projet comme frais, innovant et en totale adéquation avec la ligne éditoriale et la charte du groupe.

Cependant, au cours de nos démarches, des barrières se sont dressées, sans prendre en compte la qualité de notre projet ; les réflexions furent instructives sur les réticences à programmer une telle émission. A) Trop risquée car s’adressant à une minorité ! B) Ces cultures sont associées à la violence ! C) Vous n’êtes personne !

Ce mouvement est pourtant l’un des plus populaires aujourd’hui mais n’a toujours pas sa place dans le PAF. L’effervescence artistique qu’il engendre a fait émerger depuis plus de vingt ans toute une génération pleine d’énergies qui n’aspire qu’à une chose : être reconnu grâce à ses talents.

Leur représentativité serait-elle remise en cause ? Nos dirigeants de chaînes manqueraient-ils d’audace ? L’effet « Roselmack » aurait-t-il fait prendre conscience du retard que France Télévision a accumulé ces dernières années ? Toutes ces interrogations nous ont amené à rencontrer de nombreuses personnalités du monde des médias qui, convaincues de la nécessité d’une plus grande diversité, nous apportent leur soutien et leur appui pensant qu’il est temps de donner sa chance à la créativité et à l’innovation !

Merci à Jean Pierre Bacri, John Meyer, France Zobda, Thierry Ardisson, Act 4, 17 juin, Eléphant & Cie, Europacorp, Laurent Cormier…et tous ceux qui nous font garder espoir et alimentent notre persévérance !

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